Affichage des articles dont le libellé est Journal. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Journal. Afficher tous les articles
samedi 19 novembre 2011
mercredi 25 mai 2011
Hommage
mercredi 27 avril 2011
Régis.
Durant mon court séjour à Montpellier, j'ai eu le plaisir de poser en compagnie de Buffet Froid pour Régis qui fait une série de photos sur le thème des sensations.
Même si ça ne se voit pas ici, j'ai apprécié d'être à la place du modèle pour une fois. Je comprends qu'on puisse aimer ça!
Je ne suis pas vraiment à mon avantage mais je trouve ça drôle. Mais pourquoi Buffette m'en veut à ce point là?
J'ai pris quelques photos de la séance. Ici Régis dirigeant Adrien...
Même si ça ne se voit pas ici, j'ai apprécié d'être à la place du modèle pour une fois. Je comprends qu'on puisse aimer ça!
Je ne suis pas vraiment à mon avantage mais je trouve ça drôle. Mais pourquoi Buffette m'en veut à ce point là?
J'ai pris quelques photos de la séance. Ici Régis dirigeant Adrien...
samedi 16 avril 2011
Pin-ups en vente.
Du 4 au 6 mai 2011 aura lieu la vente aux enchères de la collection Martignette sur le site HERITAGE AUCTION. Neuf de mes pin-ups seront proposées. C'est l'occasion de les acquérir à un prix peu élevé. Au début de ma carrière, Louis K. Meisel et Charles G. Martignette étaient associés pour établir la plus grande collection de pin-up au monde. Ils m'achetaient quasiment toute ma production, me permettant de vivre de mon art et de progresser extrêmement rapidement.
On notera la présence de "Cathy assise" qui fut la première pin-up que je peignai d'après modèle. Je fréquentais un studio photo qui proposait des books de modèles. Je faisais mon choix, louais le studio une heure et leur confiais la pellicule à développer. Je me souviens de cette première séance avec Cathy en 1998. J'avais l'impression de vivre un moment très important, presque sacré. Je savais qu'après, rien ne serait pareil pour mon art. J'étais très ému et j'ai dû vite apprendre à utiliser cette émotion au service de l'image pour l'empêcher de gâcher le peu de temps que j'avais pour travailler.
Cathy assise
Toutes ces pin-ups, et d'autres, sont réunie dans mon artbook "French Pin-up" disponible sur Boo!press.
On notera la présence de "Cathy assise" qui fut la première pin-up que je peignai d'après modèle. Je fréquentais un studio photo qui proposait des books de modèles. Je faisais mon choix, louais le studio une heure et leur confiais la pellicule à développer. Je me souviens de cette première séance avec Cathy en 1998. J'avais l'impression de vivre un moment très important, presque sacré. Je savais qu'après, rien ne serait pareil pour mon art. J'étais très ému et j'ai dû vite apprendre à utiliser cette émotion au service de l'image pour l'empêcher de gâcher le peu de temps que j'avais pour travailler.
Cathy assise
Armtongue
Tight
Verso
Recto
Lilys
Le Regard
Long Legs
La Danseuse
On reconnaîtra aussi plusieurs modèles que Jérôme Gouvrion faisait également poser. Kat, Ingrid... C'est une époque que certaines d'entre elles aimeraient parfois qu'on oublie mais elles font partie de mon parcours et sont infiniment précieuses à mes yeux.
Comme pour la chaise de "Cathy assise", j'ai dessiné le fauteuil de "Armtongue". J'ai toujours adoré le design et j'aurais bien voulu éditer ces sièges dans une autre vie.
Le modèle qui a posé pour "Long legs" se faisait appeler Julia. Mon modèle préféré à l'époque. Elle a disparu subitement de ma vie sans rien dire. Dommage.
Camille était danseuse au Crazy Horse et étudiante en philo, elle a posé pour "la danseuse". J'ai eu la chance de faire poser cette Bricol'girl de Alain Chabat parce qu'elle était amie avec Elena, la russe, une fille très mystérieuse, certainement espionne, qui a également posé pour Thierry Vasseur qui en fit des couvertures pour SAS. Elena a posé pour "Lilys". Elle aussi se fait discrète mais laisse un souvenir impérissable à tous ceux qui l'ont approchée. J'ai beaucoup fait posé Elena, en particulier pour une affiche destinée au marché américain pour les cognacs Croizet.
Vous faites partie de l'Histoire mesdemoiselles, enfin du moins de la mienne...
Verso
Recto
Lilys
Le Regard
Long Legs
La Danseuse
On reconnaîtra aussi plusieurs modèles que Jérôme Gouvrion faisait également poser. Kat, Ingrid... C'est une époque que certaines d'entre elles aimeraient parfois qu'on oublie mais elles font partie de mon parcours et sont infiniment précieuses à mes yeux.
Comme pour la chaise de "Cathy assise", j'ai dessiné le fauteuil de "Armtongue". J'ai toujours adoré le design et j'aurais bien voulu éditer ces sièges dans une autre vie.
Le modèle qui a posé pour "Long legs" se faisait appeler Julia. Mon modèle préféré à l'époque. Elle a disparu subitement de ma vie sans rien dire. Dommage.
Camille était danseuse au Crazy Horse et étudiante en philo, elle a posé pour "la danseuse". J'ai eu la chance de faire poser cette Bricol'girl de Alain Chabat parce qu'elle était amie avec Elena, la russe, une fille très mystérieuse, certainement espionne, qui a également posé pour Thierry Vasseur qui en fit des couvertures pour SAS. Elena a posé pour "Lilys". Elle aussi se fait discrète mais laisse un souvenir impérissable à tous ceux qui l'ont approchée. J'ai beaucoup fait posé Elena, en particulier pour une affiche destinée au marché américain pour les cognacs Croizet.
Vous faites partie de l'Histoire mesdemoiselles, enfin du moins de la mienne...
Toutes ces pin-ups, et d'autres, sont réunie dans mon artbook "French Pin-up" disponible sur Boo!press.
jeudi 14 avril 2011
Interview
Dernièrement, une petite équipe est passée m'interviewer pour le projet dont je dois vous parler. Il s'agit d'une vente aux enchères en ligne organisée par des étudiants d'HEC. Le projet est expliqué sur leur site: Les mystères de la création.
Je m'aperçois que des noms et des mots sont définitivement associés à mon parcours artistique:
Chris Foss pour la SF, Louis K. Meisel pour les pin-ups, O. pour la peinture. Un artiste, un galeriste et un modèle. Et aussi l'aérographe. Cet outil ne m'a pas quitté depuis le début. Un outil merveilleux et méprisé, mystérieux et vulgaire. Un outil paradoxal, à la fois mécanique et sensuel. Une sorte de prolongement prothétique de l'œil et de la main dont le souffle et la bruine matérialise mes visions extatiques de la beauté féminine sans jamais toucher le support qu'il impressionne.
Je m'aperçois aussi que je suis prisonnier. Prisonnier de ma technique et de mes obsessions. Prisonnier de mes amours. Et j'aime ça. Je ne veux pas m'enfuir. Je me complais dans mon univers et je suis heureux de le découvrir un peu plus chaque jour. Je voudrais y emmener des gens. Qu'ils s'y plaisent et désirent y rester longtemps. Toujours. Pour me suivre et pour qu'ils me fassent vivre et survivre après que j'aurai fini ce que j'aurais pu faire ici.
Et pour celles ou ceux qui ne veulent plus me suivre, je dis merci quand même de m'avoir accompagné. Au revoir peut-être. Sinon tant pis.
Je m'aperçois que des noms et des mots sont définitivement associés à mon parcours artistique:
Chris Foss pour la SF, Louis K. Meisel pour les pin-ups, O. pour la peinture. Un artiste, un galeriste et un modèle. Et aussi l'aérographe. Cet outil ne m'a pas quitté depuis le début. Un outil merveilleux et méprisé, mystérieux et vulgaire. Un outil paradoxal, à la fois mécanique et sensuel. Une sorte de prolongement prothétique de l'œil et de la main dont le souffle et la bruine matérialise mes visions extatiques de la beauté féminine sans jamais toucher le support qu'il impressionne.
Je m'aperçois aussi que je suis prisonnier. Prisonnier de ma technique et de mes obsessions. Prisonnier de mes amours. Et j'aime ça. Je ne veux pas m'enfuir. Je me complais dans mon univers et je suis heureux de le découvrir un peu plus chaque jour. Je voudrais y emmener des gens. Qu'ils s'y plaisent et désirent y rester longtemps. Toujours. Pour me suivre et pour qu'ils me fassent vivre et survivre après que j'aurai fini ce que j'aurais pu faire ici.
Et pour celles ou ceux qui ne veulent plus me suivre, je dis merci quand même de m'avoir accompagné. Au revoir peut-être. Sinon tant pis.
mardi 15 mars 2011
Pauvres Japonais.
Les catastrophes, les destructions massives voir l'apocalypse, font partie de la culture japonaise. En vrac, Godzilla, Evangelion, Akira. Comme si le fait de développer ces thèmes angoissants pouvait donner prise sur eux ou en tout cas d'intégrer, de sublimer cette horreur que fut l'explosion des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki.
Et puis l'horreur devient réalité mais touche non seulement le Japon mais le monde entier, les gens, nous, moi.
Je ne doute pas que ce peuple fascinant saura se relever. Je leur souhaite de trouver le courage nécessaire pour vivre et continuer à nous enchanter par leur culture prodigieuse et attachante.
Mais maintenant, c'est le temps du deuil et des larmes.
Pauvres Japonais.
Sakura Vitry sur Seine ce matin.
Et puis l'horreur devient réalité mais touche non seulement le Japon mais le monde entier, les gens, nous, moi.
Je ne doute pas que ce peuple fascinant saura se relever. Je leur souhaite de trouver le courage nécessaire pour vivre et continuer à nous enchanter par leur culture prodigieuse et attachante.
Mais maintenant, c'est le temps du deuil et des larmes.
Pauvres Japonais.
Sakura Vitry sur Seine ce matin.
mardi 25 janvier 2011
Merci!
Je n'ai pas l'habitude de parler des résultats de vente, surtout quand ils sont mauvais, mais là j'ai tout vendu et je voudrais remercier un certain nombre de personnes.
Merci aux acheteurs, aux enchérisseurs et surenchérisseurs, d'avoir craqué, parfois de manière déraisonnable pour mon travail. C'est VOUS qui me faites vivre. C'est tellement gratifiant de constater que son discours résonne dans le cœur des gens, surtout en ces temps de crise où tout le monde se bat pour survivre, les artistes encore plus que les autres car leur travail ne semble pas vital.
Merci à l'étude Cornette de Saint Cyr d'avoir organisé cette vente au Crazy Horse, un lieu que j'apprécie particulièrement depuis si longtemps. Merci à François Meyniel, le véritable initiateur de l'événement, de m'avoir convaincu de participer à cette aventure. Je ne le regrette pas, au contraire.
Merci à tous mes modèles de m'inspirer de si belles visions. Vous savez combien je vous aime. Vous aurez votre part, c'est normal.
Et enfin, merci à ceux qui passent commande sur Boo!press. Ce n'est pas évident de franchir le pas lorsque toutes les images de ce blog et de mon site sont visibles gratuitement. Merci de faire l'effort de payer les 10 euros de frais de port quand la commande est inférieure à 50 euros. Vous n'en n'avez que plus de mérite. Vous aussi vous me faites vivre.
Merci à tous et en avant pour de nouvelles aventures!
Merci aux acheteurs, aux enchérisseurs et surenchérisseurs, d'avoir craqué, parfois de manière déraisonnable pour mon travail. C'est VOUS qui me faites vivre. C'est tellement gratifiant de constater que son discours résonne dans le cœur des gens, surtout en ces temps de crise où tout le monde se bat pour survivre, les artistes encore plus que les autres car leur travail ne semble pas vital.
Merci à l'étude Cornette de Saint Cyr d'avoir organisé cette vente au Crazy Horse, un lieu que j'apprécie particulièrement depuis si longtemps. Merci à François Meyniel, le véritable initiateur de l'événement, de m'avoir convaincu de participer à cette aventure. Je ne le regrette pas, au contraire.
Merci à tous mes modèles de m'inspirer de si belles visions. Vous savez combien je vous aime. Vous aurez votre part, c'est normal.
Et enfin, merci à ceux qui passent commande sur Boo!press. Ce n'est pas évident de franchir le pas lorsque toutes les images de ce blog et de mon site sont visibles gratuitement. Merci de faire l'effort de payer les 10 euros de frais de port quand la commande est inférieure à 50 euros. Vous n'en n'avez que plus de mérite. Vous aussi vous me faites vivre.
Merci à tous et en avant pour de nouvelles aventures!
mardi 4 janvier 2011
vendredi 31 décembre 2010
Bonne année 2011
Vous tous qui suivez ce blog, je vous souhaite une bonne année 2011. Pour ma part, j'espère sortir un peu plus de mon atelier pour voir des gens, travailler mieux aussi. Je crois n'avoir fait que 9 toiles cette année.
Sinon, j'ai :
eu un article dans la revue dessins et peinture.
fait un couteau Zocat.
trouvé une galerie, la galerie Alexis Lartigue.
créé un nouveau pliage Star Wars, le tie fighter.
eu une publication dans l'artbook Café Salé
posé pour Cali.
été interviewé pour Bazooka Mandarine.
eu deux pages dans la revue Poets and artists.
été exposé pour l'inauguration de la nouvelle galerie Barnarducci-Meisel.
édité une nouvelle série de DropStop.
été exposé au salon Paris Elysée.
eu des pages dans l'histoire du ticket de métro parisien.
fait une masterclass avec Café salé.
relancé Boo!press, merci Jean-Michel, merci à tous!
jeudi 30 décembre 2010
Kiss me Teddy!
Kiss me Teddy! 2010 Acrylique sur toile 100/100 cm. Modèle: Buffet Froid.
Cette peinture sera mise en vente lors de prestigieuses enchères "pin-up" qui auront lieu au CRAZY HORSE le dimanche 22 janvier sous le marteau de maître Pierre Cornette de Saint Cyr. Plus de détails sur le site de l'étude: ICI
Cette peinture sera mise en vente lors de prestigieuses enchères "pin-up" qui auront lieu au CRAZY HORSE le dimanche 22 janvier sous le marteau de maître Pierre Cornette de Saint Cyr. Plus de détails sur le site de l'étude: ICI
mardi 28 décembre 2010
Bonnes fêtes
On se souhaite tous de bonnes fêtes en ce moment, et très bientôt, une bonne année. Mais avant que ce jour n'arrive, je voudrais adresser une pensée à tous ceux que je connais et qui viennent de se séparer. Plusieurs cette année. Ce sont de très mauvais moments à passer tandis ce que tout le monde s'amuse et entrechoque des coupes et va s'embrasser. Pour tous ceux, et toutes celles qui ne vont pas embrasser leur ancien amour ce 31 décembre, je voudrais dire que je pense à vous et que j'espère que vous tournerez la page sans trop souffrir. Je mesure la chance que j'ai et j'espère ne jamais connaître votre infortune. Bon courage et je vous souhaite, pour l'année prochaine, de nouvelle aventures encore plus folles! Je vous embrasse.
mercredi 1 décembre 2010
Marcel.
Je découvre Proust sur mon ipod et c'est une délectation. Je ne sais pas si j'aurais pu l'apprécier plus jeune. Quoiqu'il en soit, je me retrouve parfois tellement dans ses lignes que c'est à me décourager de jamais écrire un jour. Exemple:
Un chagrin causé par une personne qu’on aime peut être amer, même quand il est inséré au milieu de préoccupations, de joies, qui n’ont pas cet être pour objet et desquelles notre attention ne se détourne que de temps en temps pour revenir à lui. Mais quand un tel chagrin naît – comme c’était le cas pour celui-ci – à un moment où le bonheur de voir cette personne nous remplit tout entiers, la brusque dépression qui se produit alors dans notre âme jusque-là ensoleillée, soutenue et calme, détermine en nous une tempête furieuse contre laquelle nous ne savons pas si nous serons capables de lutter jusqu’au bout. Celle qui soufflait sur mon coeur était si violente que je revins vers la maison, bousculé, meurtri, sentant que je ne pourrais retrouver la respiration qu’en rebroussant chemin, qu’en retournant sous un prétexte quelconque auprès de Gilberte. Mais elle se serait dit : « Encore lui ! Décidément je peux tout me permettre, il reviendra chaque fois d’autant plus docile qu’il m’aura quittée plus malheureux. » Puis j’étais irrésistiblement ramené vers elle par ma pensée, et ces orientations alternatives, cet affolement de la boussole intérieure persistèrent quand je fus rentré, et se traduisirent par les brouillons de lettres contradictoires que j’écrivis à Gilberte.
J’allais passer par une de ces conjonctures difficiles en face desquelles il arrive généralement qu’on se trouve à plusieurs reprises dans la vie et auxquelles, bien qu’on n’ait pas changé de caractère, de nature – notre nature qui crée elle-même nos amours, et presque les femmes que nous aimons, et jusqu’à leurs fautes – on ne fait pas face de la même manière à chaque fois, c’est-à-dire à tout âge. À ces moments-là notre vie est divisée, et comme distribuée dans une balance, en deux plateaux opposés où elle tient tout entière. Dans l’un, il y a notre désir de ne pas déplaire, de ne pas paraître trop humble à l’être que nous aimons sans parvenir à le comprendre, mais que nous trouvons plus habile de laisser un peu de côté pour qu’il n’ait pas ce sentiment de se croire indispensable qui le détournerait de nous ; de l’autre côté, il y a une souffrance – non pas une souffrance localisée et partielle – qui ne pourrait au contraire être apaisée que si renonçant à plaire à cette femme et à lui faire croire que nous pouvons nous passer d’elle, nous allions la retrouver. Quand on retire du plateau où est la fierté une petite quantité de volonté qu’on a eu la faiblesse de laisser s’user avec l’âge, qu’on ajoute dans le plateau où est le chagrin une souffrance physique acquise et à qui on a permis de s’aggraver, et au lieu de la solution courageuse qui l’aurait emporté à vingt ans, c’est l’autre, devenue trop lourde et sans assez de contre-poids, qui nous abaisse à cinquante. D’autant plus que les situations tout en se répétant changent, et qu’il y a chance pour qu’au milieu ou à la fin de la vie on ait eu pour soi-même la funeste complaisance de compliquer l’amour d’une part d’habitude que l’adolescence, retenue par d’autres devoirs, moins libre de soi-même, ne connaît pas. Je venais d’écrire à Gilberte une lettre où je laissais tonner ma fureur, non sans pourtant jeter la bouée de quelques mots placés comme au hasard, et où mon amie pourrait accrocher une réconciliation ; un instant après, le vent ayant tourné, c’était des phrases tendres que je lui adressais pour la douceur de certaines expressions désolées, de tels « jamais plus », si attendrissants pour ceux qui les emploient, si fastidieux pour celle qui les lira, soit qu’elle les croie mensongers et traduise « jamais plus » par « ce soir même, si vous voulez bien de moi » ou qu’elle les croie vrais et lui annonçant alors une de ces séparations définitives qui nous sont si parfaitement égales dans la vie quand il s’agit d’êtres dont nous ne sommes pas épris. Mais puisque nous sommes incapables tandis que nous aimons d’agir en dignes prédécesseurs de l’être prochain que nous serons et qui n’aimera plus, comment pourrions-nous tout à fait imaginer l’état d’esprit d’une femme à qui, même si nous savions que nous lui sommes indifférents, nous avons perpétuellement fait tenir dans nos rêveries, pour nous bercer d’un beau songe ou nous consoler d’un gros chagrin, les mêmes propos que si elle nous aimait. Devant les pensées, les actions d’une femme que nous aimons, nous sommes aussi désorientés que le pouvaient être devant les phénomènes de la nature, les premiers physiciens (avant que la science fût constituée et eût mis un peu de lumière dans l’inconnu). Ou pis encore, comme un être pour l’esprit de qui le principe de causalité existerait à peine, un être qui ne serait pas capable d’établir un lien entre un phénomène et un autre et devant qui le spectacle du monde serait incertain comme un rêve. Certes je m’efforçais de sortir de cette incohérence, de trouver des causes. Je tâchais même d’être « objectif » et pour cela de bien tenir compte de la disproportion qui existait entre l’importance qu’avait pour moi Gilberte et celle non seulement que j’avais pour elle, mais qu’elle-même avait pour les autres êtres que moi, disproportion qui, si je l’eusse omise, eût risqué de me faire prendre une simple amabilité de mon amie pour un aveu passionné, une démarche grotesque et avilissante de ma part pour le simple et gracieux mouvement qui vous dirige vers de beaux yeux. Mais je craignais aussi de tomber dans l’excès contraire, où j’aurais vu dans l’arrivée inexacte de Gilberte à un rendez-vous un mouvement de mauvaise humeur, une hostilité irrémédiable. Je tâchais de trouver entre ces deux optiques également déformantes celle qui me donnerait la vision juste des choses ; les calculs qu’il me fallait faire pour cela me distrayaient un peu de ma souffrance ; et soit par obéissance à la réponse des nombres, soit que je leur eusse fait dire ce que je désirais, je me décidai le lendemain à aller chez les Swann, heureux, mais de la même façon que ceux qui, s’étant tourmentés longtemps à cause d’un voyage qu’ils ne voulaient pas faire, ne vont pas plus loin que la gare, et rentrent chez eux défaire leur malle. Et comme, pendant qu’on hésite, la seule idée d’une résolution possible (à moins d’avoir rendu cette idée inerte en décidant qu’on ne prendra pas la résolution) développe, comme une graine vivace, les linéaments, tout le détail des émotions qui naîtraient de l’acte exécuté, je me dis que j’avais été bien absurde de me faire, en projetant de ne plus voir Gilberte, autant de mal que si j’eusse dû réaliser ce projet et que, puisque au contraire c’était pour finir par retourner chez elle, j’aurais pu faire l’économie de tant de velléités et d’acceptations douloureuses.
(extrait de "à l'ombre des jeunes filles en fleurs")
Un autre passage dont la puissance d'évocation me fait penser à Hugo. Non dans le style bien sûr, mais dans l'évidence, la clarté et le génie.
Tout d’un coup, sur le sable de l’allée, tardive, alentie et luxuriante comme la plus belle fleur et qui ne s’ouvrirait qu’à midi, Mme Swann apparaissait, épanouissant autour d’elle une toilette toujours différente mais que je me rappelle surtout mauve ; puis elle hissait et déployait sur un long pédoncule, au moment de sa plus complète irradiation, le pavillon de soie d’une large ombrelle de la même nuance que l’effeuillaison des pétales de sa robe. Toute une suite l’environnait ; Swann, quatre ou cinq hommes de club qui étaient venus la voir le matin chez elle ou qu’elle avait rencontrés : et leur noire ou grise agglomération obéissante, exécutant les mouvements presque mécaniques d’un cadre inerte autour d’Odette, donnait l’air à cette femme, qui seule avait de l’intensité dans les yeux, de regarder devant elle, d’entre tous ces hommes, comme d’une fenêtre dont elle se fût approchée, et la faisait surgir, frêle, sans crainte, dans la nudité de ses tendres couleurs, comme l’apparition d’un être d’une espèce différente, d’une race inconnue, et d’une puissance presque guerrière, grâce à quoi elle compensait à elle seule sa multiple escorte. Souriante, heureuse du beau temps, du soleil qui n’incommodait pas encore, ayant l’air d’assurance et de calme du créateur qui a accompli son oeuvre et ne se soucie plus du reste, certaine que sa toilette – dussent des passants vulgaires ne pas l’apprécier – était la plus élégante de toutes, elle la portait pour soi-même et pour ses amis, naturellement, sans attention exagérée, mais aussi sans détachement complet ; n’empêchant pas les petits noeuds de son corsage et de sa jupe de flotter légèrement devant elle comme des créatures dont elle n’ignorait pas la présence et à qui elle permettait avec indulgence de se livrer à leurs jeux, selon leur rythme propre, pourvu qu’ils suivissent sa marche, et même sur son ombrelle mauve que souvent elle tenait encore fermée quand elle arrivait, elle laissait tomber par moment, comme sur un bouquet de violettes de Parme, son regard heureux et si doux que quand il ne s’attachait plus à ses amis, mais à un objet inanimé, il avait l’air de sourire encore. Elle réservait ainsi, elle faisait occuper à sa toilette cet intervalle d’élégance dont les hommes à qui Mme Swann parlait le plus en camarade respectaient l’espace et la nécessité, non sans une certaine déférence de profanes, un aveu de leur propre ignorance, et sur lequel ils reconnaissaient à leur amie comme à un malade sur les soins spéciaux qu’il doit prendre, ou comme à une mère sur l’éducation de ses enfants, compétence et juridiction. Non moins que par la cour qui l’entourait et ne semblait pas voir les passants, Mme Swann, à cause de l’heure tardive de son apparition, évoquait cet appartement où elle avait passé une matinée si longue et où il faudrait qu’elle rentrât bientôt déjeuner ; elle semblait en indiquer la proximité par la tranquillité flâneuse de sa promenade, pareille à celle qu’on fait à petits pas dans son jardin ; de cet appartement on aurait dit qu’elle portait encore autour d’elle l’ombre intérieure et fraîche. Mais, par tout cela même, sa vue ne me donnait que davantage la sensation du plein air et de la chaleur. D’autant plus que déjà persuadé qu’en vertu de la liturgie et des rites dans lesquels Mme Swann était profondément versée, sa toilette était unie à la saison et à l’heure par un lien nécessaire, unique, les fleurs de son inflexible chapeau de paille, les petits rubans de sa robe me semblaient naître du mois de mai plus naturellement encore que les fleurs des jardins et des bois ; et pour connaître le trouble nouveau de la saison, je ne levais pas les yeux plus haut que son ombrelle, ouverte et tendue comme un autre ciel plus proche, rond, clément, mobile et bleu. Car ces rites, s’ils étaient souverains, mettaient leur gloire, et par conséquent Mme Swann mettait la sienne à obéir avec condescendance au matin, au printemps, au soleil, lesquels ne me semblaient pas assez flattés qu’une femme si élégante voulût bien ne pas les ignorer et eût choisi à cause d’eux une robe d’une étoffe plus claire, plus légère, faisant penser, par son évasement au col et aux manches, à la moiteur du cou et des poignets, fît enfin pour eux tous les frais d’une grande dame qui s’étant gaiement abaissée à aller voir à la campagne des gens communs et que tout le monde, même le vulgaire, connaît, n’en a pas moins tenu à revêtir spécialement pour ce jour-là une toilette champêtre. Dès son arrivée, je saluais Mme Swann, elle m’arrêtait et me disait : « Good morning » en souriant. Nous faisions quelques pas. Et je comprenais que ces canons selon lesquels elle s’habillait, c’était pour elle-même qu’elle y obéissait, comme à une sagesse supérieure dont elle eût été la grande prêtresse : car s’il lui arrivait qu’ayant trop chaud, elle entr’ouvrît, ou même ôtât, tout à fait et me donnât à porter sa jaquette qu’elle avait cru garder fermée, je découvrais dans la chemisette mille détails d’exécution qui avaient eu grande chance de rester inaperçus comme ces parties d’orchestre auxquelles le compositeur a donné tous ses soins, bien qu’elles ne doivent jamais arriver aux oreilles du public ; ou dans les manches de la jaquette pliée sur mon bras je voyais, je regardais longuement, par plaisir ou par amabilité, quelque détail exquis, une bande d’une teinte délicieuse, une satinette mauve habituellement cachée aux yeux de tous, mais aussi délicatement travaillée que les parties extérieures, comme ces sculptures gothiques d’une cathédrale dissimulées au revers d’une balustrade à quatre-vingts pieds de hauteur, aussi parfaites que les bas-reliefs du grand porche, mais que personne n’avait jamais vues avant qu’au hasard d’un voyage, un artiste n’eût obtenu de monter se promener en plein ciel, pour dominer toute la ville, entre les deux tours.
Encore, encore!
Un chagrin causé par une personne qu’on aime peut être amer, même quand il est inséré au milieu de préoccupations, de joies, qui n’ont pas cet être pour objet et desquelles notre attention ne se détourne que de temps en temps pour revenir à lui. Mais quand un tel chagrin naît – comme c’était le cas pour celui-ci – à un moment où le bonheur de voir cette personne nous remplit tout entiers, la brusque dépression qui se produit alors dans notre âme jusque-là ensoleillée, soutenue et calme, détermine en nous une tempête furieuse contre laquelle nous ne savons pas si nous serons capables de lutter jusqu’au bout. Celle qui soufflait sur mon coeur était si violente que je revins vers la maison, bousculé, meurtri, sentant que je ne pourrais retrouver la respiration qu’en rebroussant chemin, qu’en retournant sous un prétexte quelconque auprès de Gilberte. Mais elle se serait dit : « Encore lui ! Décidément je peux tout me permettre, il reviendra chaque fois d’autant plus docile qu’il m’aura quittée plus malheureux. » Puis j’étais irrésistiblement ramené vers elle par ma pensée, et ces orientations alternatives, cet affolement de la boussole intérieure persistèrent quand je fus rentré, et se traduisirent par les brouillons de lettres contradictoires que j’écrivis à Gilberte.
J’allais passer par une de ces conjonctures difficiles en face desquelles il arrive généralement qu’on se trouve à plusieurs reprises dans la vie et auxquelles, bien qu’on n’ait pas changé de caractère, de nature – notre nature qui crée elle-même nos amours, et presque les femmes que nous aimons, et jusqu’à leurs fautes – on ne fait pas face de la même manière à chaque fois, c’est-à-dire à tout âge. À ces moments-là notre vie est divisée, et comme distribuée dans une balance, en deux plateaux opposés où elle tient tout entière. Dans l’un, il y a notre désir de ne pas déplaire, de ne pas paraître trop humble à l’être que nous aimons sans parvenir à le comprendre, mais que nous trouvons plus habile de laisser un peu de côté pour qu’il n’ait pas ce sentiment de se croire indispensable qui le détournerait de nous ; de l’autre côté, il y a une souffrance – non pas une souffrance localisée et partielle – qui ne pourrait au contraire être apaisée que si renonçant à plaire à cette femme et à lui faire croire que nous pouvons nous passer d’elle, nous allions la retrouver. Quand on retire du plateau où est la fierté une petite quantité de volonté qu’on a eu la faiblesse de laisser s’user avec l’âge, qu’on ajoute dans le plateau où est le chagrin une souffrance physique acquise et à qui on a permis de s’aggraver, et au lieu de la solution courageuse qui l’aurait emporté à vingt ans, c’est l’autre, devenue trop lourde et sans assez de contre-poids, qui nous abaisse à cinquante. D’autant plus que les situations tout en se répétant changent, et qu’il y a chance pour qu’au milieu ou à la fin de la vie on ait eu pour soi-même la funeste complaisance de compliquer l’amour d’une part d’habitude que l’adolescence, retenue par d’autres devoirs, moins libre de soi-même, ne connaît pas. Je venais d’écrire à Gilberte une lettre où je laissais tonner ma fureur, non sans pourtant jeter la bouée de quelques mots placés comme au hasard, et où mon amie pourrait accrocher une réconciliation ; un instant après, le vent ayant tourné, c’était des phrases tendres que je lui adressais pour la douceur de certaines expressions désolées, de tels « jamais plus », si attendrissants pour ceux qui les emploient, si fastidieux pour celle qui les lira, soit qu’elle les croie mensongers et traduise « jamais plus » par « ce soir même, si vous voulez bien de moi » ou qu’elle les croie vrais et lui annonçant alors une de ces séparations définitives qui nous sont si parfaitement égales dans la vie quand il s’agit d’êtres dont nous ne sommes pas épris. Mais puisque nous sommes incapables tandis que nous aimons d’agir en dignes prédécesseurs de l’être prochain que nous serons et qui n’aimera plus, comment pourrions-nous tout à fait imaginer l’état d’esprit d’une femme à qui, même si nous savions que nous lui sommes indifférents, nous avons perpétuellement fait tenir dans nos rêveries, pour nous bercer d’un beau songe ou nous consoler d’un gros chagrin, les mêmes propos que si elle nous aimait. Devant les pensées, les actions d’une femme que nous aimons, nous sommes aussi désorientés que le pouvaient être devant les phénomènes de la nature, les premiers physiciens (avant que la science fût constituée et eût mis un peu de lumière dans l’inconnu). Ou pis encore, comme un être pour l’esprit de qui le principe de causalité existerait à peine, un être qui ne serait pas capable d’établir un lien entre un phénomène et un autre et devant qui le spectacle du monde serait incertain comme un rêve. Certes je m’efforçais de sortir de cette incohérence, de trouver des causes. Je tâchais même d’être « objectif » et pour cela de bien tenir compte de la disproportion qui existait entre l’importance qu’avait pour moi Gilberte et celle non seulement que j’avais pour elle, mais qu’elle-même avait pour les autres êtres que moi, disproportion qui, si je l’eusse omise, eût risqué de me faire prendre une simple amabilité de mon amie pour un aveu passionné, une démarche grotesque et avilissante de ma part pour le simple et gracieux mouvement qui vous dirige vers de beaux yeux. Mais je craignais aussi de tomber dans l’excès contraire, où j’aurais vu dans l’arrivée inexacte de Gilberte à un rendez-vous un mouvement de mauvaise humeur, une hostilité irrémédiable. Je tâchais de trouver entre ces deux optiques également déformantes celle qui me donnerait la vision juste des choses ; les calculs qu’il me fallait faire pour cela me distrayaient un peu de ma souffrance ; et soit par obéissance à la réponse des nombres, soit que je leur eusse fait dire ce que je désirais, je me décidai le lendemain à aller chez les Swann, heureux, mais de la même façon que ceux qui, s’étant tourmentés longtemps à cause d’un voyage qu’ils ne voulaient pas faire, ne vont pas plus loin que la gare, et rentrent chez eux défaire leur malle. Et comme, pendant qu’on hésite, la seule idée d’une résolution possible (à moins d’avoir rendu cette idée inerte en décidant qu’on ne prendra pas la résolution) développe, comme une graine vivace, les linéaments, tout le détail des émotions qui naîtraient de l’acte exécuté, je me dis que j’avais été bien absurde de me faire, en projetant de ne plus voir Gilberte, autant de mal que si j’eusse dû réaliser ce projet et que, puisque au contraire c’était pour finir par retourner chez elle, j’aurais pu faire l’économie de tant de velléités et d’acceptations douloureuses.
(extrait de "à l'ombre des jeunes filles en fleurs")
Un autre passage dont la puissance d'évocation me fait penser à Hugo. Non dans le style bien sûr, mais dans l'évidence, la clarté et le génie.
Tout d’un coup, sur le sable de l’allée, tardive, alentie et luxuriante comme la plus belle fleur et qui ne s’ouvrirait qu’à midi, Mme Swann apparaissait, épanouissant autour d’elle une toilette toujours différente mais que je me rappelle surtout mauve ; puis elle hissait et déployait sur un long pédoncule, au moment de sa plus complète irradiation, le pavillon de soie d’une large ombrelle de la même nuance que l’effeuillaison des pétales de sa robe. Toute une suite l’environnait ; Swann, quatre ou cinq hommes de club qui étaient venus la voir le matin chez elle ou qu’elle avait rencontrés : et leur noire ou grise agglomération obéissante, exécutant les mouvements presque mécaniques d’un cadre inerte autour d’Odette, donnait l’air à cette femme, qui seule avait de l’intensité dans les yeux, de regarder devant elle, d’entre tous ces hommes, comme d’une fenêtre dont elle se fût approchée, et la faisait surgir, frêle, sans crainte, dans la nudité de ses tendres couleurs, comme l’apparition d’un être d’une espèce différente, d’une race inconnue, et d’une puissance presque guerrière, grâce à quoi elle compensait à elle seule sa multiple escorte. Souriante, heureuse du beau temps, du soleil qui n’incommodait pas encore, ayant l’air d’assurance et de calme du créateur qui a accompli son oeuvre et ne se soucie plus du reste, certaine que sa toilette – dussent des passants vulgaires ne pas l’apprécier – était la plus élégante de toutes, elle la portait pour soi-même et pour ses amis, naturellement, sans attention exagérée, mais aussi sans détachement complet ; n’empêchant pas les petits noeuds de son corsage et de sa jupe de flotter légèrement devant elle comme des créatures dont elle n’ignorait pas la présence et à qui elle permettait avec indulgence de se livrer à leurs jeux, selon leur rythme propre, pourvu qu’ils suivissent sa marche, et même sur son ombrelle mauve que souvent elle tenait encore fermée quand elle arrivait, elle laissait tomber par moment, comme sur un bouquet de violettes de Parme, son regard heureux et si doux que quand il ne s’attachait plus à ses amis, mais à un objet inanimé, il avait l’air de sourire encore. Elle réservait ainsi, elle faisait occuper à sa toilette cet intervalle d’élégance dont les hommes à qui Mme Swann parlait le plus en camarade respectaient l’espace et la nécessité, non sans une certaine déférence de profanes, un aveu de leur propre ignorance, et sur lequel ils reconnaissaient à leur amie comme à un malade sur les soins spéciaux qu’il doit prendre, ou comme à une mère sur l’éducation de ses enfants, compétence et juridiction. Non moins que par la cour qui l’entourait et ne semblait pas voir les passants, Mme Swann, à cause de l’heure tardive de son apparition, évoquait cet appartement où elle avait passé une matinée si longue et où il faudrait qu’elle rentrât bientôt déjeuner ; elle semblait en indiquer la proximité par la tranquillité flâneuse de sa promenade, pareille à celle qu’on fait à petits pas dans son jardin ; de cet appartement on aurait dit qu’elle portait encore autour d’elle l’ombre intérieure et fraîche. Mais, par tout cela même, sa vue ne me donnait que davantage la sensation du plein air et de la chaleur. D’autant plus que déjà persuadé qu’en vertu de la liturgie et des rites dans lesquels Mme Swann était profondément versée, sa toilette était unie à la saison et à l’heure par un lien nécessaire, unique, les fleurs de son inflexible chapeau de paille, les petits rubans de sa robe me semblaient naître du mois de mai plus naturellement encore que les fleurs des jardins et des bois ; et pour connaître le trouble nouveau de la saison, je ne levais pas les yeux plus haut que son ombrelle, ouverte et tendue comme un autre ciel plus proche, rond, clément, mobile et bleu. Car ces rites, s’ils étaient souverains, mettaient leur gloire, et par conséquent Mme Swann mettait la sienne à obéir avec condescendance au matin, au printemps, au soleil, lesquels ne me semblaient pas assez flattés qu’une femme si élégante voulût bien ne pas les ignorer et eût choisi à cause d’eux une robe d’une étoffe plus claire, plus légère, faisant penser, par son évasement au col et aux manches, à la moiteur du cou et des poignets, fît enfin pour eux tous les frais d’une grande dame qui s’étant gaiement abaissée à aller voir à la campagne des gens communs et que tout le monde, même le vulgaire, connaît, n’en a pas moins tenu à revêtir spécialement pour ce jour-là une toilette champêtre. Dès son arrivée, je saluais Mme Swann, elle m’arrêtait et me disait : « Good morning » en souriant. Nous faisions quelques pas. Et je comprenais que ces canons selon lesquels elle s’habillait, c’était pour elle-même qu’elle y obéissait, comme à une sagesse supérieure dont elle eût été la grande prêtresse : car s’il lui arrivait qu’ayant trop chaud, elle entr’ouvrît, ou même ôtât, tout à fait et me donnât à porter sa jaquette qu’elle avait cru garder fermée, je découvrais dans la chemisette mille détails d’exécution qui avaient eu grande chance de rester inaperçus comme ces parties d’orchestre auxquelles le compositeur a donné tous ses soins, bien qu’elles ne doivent jamais arriver aux oreilles du public ; ou dans les manches de la jaquette pliée sur mon bras je voyais, je regardais longuement, par plaisir ou par amabilité, quelque détail exquis, une bande d’une teinte délicieuse, une satinette mauve habituellement cachée aux yeux de tous, mais aussi délicatement travaillée que les parties extérieures, comme ces sculptures gothiques d’une cathédrale dissimulées au revers d’une balustrade à quatre-vingts pieds de hauteur, aussi parfaites que les bas-reliefs du grand porche, mais que personne n’avait jamais vues avant qu’au hasard d’un voyage, un artiste n’eût obtenu de monter se promener en plein ciel, pour dominer toute la ville, entre les deux tours.
Encore, encore!
vendredi 15 octobre 2010
J'entre dans l'histoire...
...du ticket de métro! Avec la disparition prochaine du ticket de Métro, Grégoire Thonnat, l'auteur, s'est dit qu'il était temps d'écrire un livre sur le sujet. Il existe des collectionneurs de tickets de métro, les "Esitériophiles" mais aussi des artistes qui s'en servent comme support ou comme thème. Et puis il y a moi qui les plie pour aller dans l'espace...
Voici un lien vers le blog qui détaille le contenu du livre: http://ticketdemetroparisien.blogspot.com/
L'histoire du Ticket de Métro, par Grégoire Thonnat, 176 pages - format :14 x 21 à l'italienne - Editions Télémaque - sortie novembre 2010.
Voici un lien vers le blog qui détaille le contenu du livre: http://ticketdemetroparisien.blogspot.com/
L'histoire du Ticket de Métro, par Grégoire Thonnat, 176 pages - format :14 x 21 à l'italienne - Editions Télémaque - sortie novembre 2010.
mardi 28 septembre 2010
Marika Green, Robert Bresson, Anne Wiazemsky, le cinématographe et les modèles.
Avez-vous vu Marika Green sur la video de mon post précédent? Elle m'a bouleversé. Je n'ai pu trouver que peu de choses sur elle mais par ricochet, je me suis intéressé à Robert Bresson grâce à Anne Wiazemsky.
Dans son livre: Jeune fille, elle raconte l'aventure du tournage du film "Au hasard Balthazar" dont elle fut l'interprète principale en 1966 à l'âge de 17 ans. Petite fille de François Mauriac, elle rencontre Bresson grâce à une de ses amies qui avait déjà tourné un film avec lui. Elle raconte comment cet homme déjà mûr essaye et parfois parvient à la manipuler de telle manière qu'elle devienne l'âme de son film. Il essaye de la séduire et elle est troublée. Elle sent qu'elle ne pourra lui résister que si elle parvient à perdre sa virginité au cours du film. Ce qu'elle réussit à faire...
Durant le tournage, la presse s'intéresse au prochain film de Bresson, et la photo d'Anne paraît en couverture d'un magazine très connu. Et c'est ainsi que Jean-Luc Godard débarque un jour sur le tournage prétextant vouloir rencontrer le maître dont il admire le travail... Tout cela pour approcher Anne dont il deviendra le mari quelques années plus tard.
Ce livre m'a captivé comme vous pouvez vous en douter. On sent que Bresson a des côtés sale bonhomme mais qu'il réussit à dompter ses instincts pour tout donner à son film. C'est quelqu'un qui cherche la vérité dans le cinéma qu'il préférait nommer cinématographe car pour Robert Bresson, le cinéma n'est que du théâtre filmé. D'après lui, les acteurs jouent, font semblant, mais ce qui est admis au théâtre, saute aux yeux à l'écran. C'est pourquoi il préférait utiliser des amateurs qu'il faisait répéter inlassablement pour arriver à les détacher de toute envie de "jouer" pour simplement "être" devant la caméra. Parfois il échoue mais lorsqu'il réussit, c'est tout simplement miraculeux. Pour lui ce n'était pas des acteurs mais des modèles, comme en peinture. (Les acteurs jouent et les modèles vivent.)
J'ai lu également les "notes sur le cinématographe" de Robert Bresson dont la préface éclairée est signée Le Clézio. Autant de pépites sur lesquelles méditer et que je reprends à mon compte en grande partie.
Exemples:
Modèles. Tu en fixeras l'image intacte, non déformée par son intelligence, ni par la tienne.
Bien tracer les limites dans lesquelles tu cherches à te laisser surprendre par ton modèle. Surprises infinies dans un cadre fini.
Vaincre les puissances fausses de la photographie.
En nu, tout ce qui n'est pas beau est obscène.
Etc, etc... Des pépites vous dis-je...
Le 20 octobre, c'est le vernissage VIP du salon Art Élysée où j'exposerai comme je vous l'ai annoncé. Et que vois-je sur l'invitation?
Exposition: "Green : regards photographiques" sur une proposition de de Marika Green.
Marika Green
Robert Bresson
Anne Wiazemsky
Jeune fille
Dans son livre: Jeune fille, elle raconte l'aventure du tournage du film "Au hasard Balthazar" dont elle fut l'interprète principale en 1966 à l'âge de 17 ans. Petite fille de François Mauriac, elle rencontre Bresson grâce à une de ses amies qui avait déjà tourné un film avec lui. Elle raconte comment cet homme déjà mûr essaye et parfois parvient à la manipuler de telle manière qu'elle devienne l'âme de son film. Il essaye de la séduire et elle est troublée. Elle sent qu'elle ne pourra lui résister que si elle parvient à perdre sa virginité au cours du film. Ce qu'elle réussit à faire...
Durant le tournage, la presse s'intéresse au prochain film de Bresson, et la photo d'Anne paraît en couverture d'un magazine très connu. Et c'est ainsi que Jean-Luc Godard débarque un jour sur le tournage prétextant vouloir rencontrer le maître dont il admire le travail... Tout cela pour approcher Anne dont il deviendra le mari quelques années plus tard.
Ce livre m'a captivé comme vous pouvez vous en douter. On sent que Bresson a des côtés sale bonhomme mais qu'il réussit à dompter ses instincts pour tout donner à son film. C'est quelqu'un qui cherche la vérité dans le cinéma qu'il préférait nommer cinématographe car pour Robert Bresson, le cinéma n'est que du théâtre filmé. D'après lui, les acteurs jouent, font semblant, mais ce qui est admis au théâtre, saute aux yeux à l'écran. C'est pourquoi il préférait utiliser des amateurs qu'il faisait répéter inlassablement pour arriver à les détacher de toute envie de "jouer" pour simplement "être" devant la caméra. Parfois il échoue mais lorsqu'il réussit, c'est tout simplement miraculeux. Pour lui ce n'était pas des acteurs mais des modèles, comme en peinture. (Les acteurs jouent et les modèles vivent.)
J'ai lu également les "notes sur le cinématographe" de Robert Bresson dont la préface éclairée est signée Le Clézio. Autant de pépites sur lesquelles méditer et que je reprends à mon compte en grande partie.
Exemples:
Modèles. Tu en fixeras l'image intacte, non déformée par son intelligence, ni par la tienne.
Bien tracer les limites dans lesquelles tu cherches à te laisser surprendre par ton modèle. Surprises infinies dans un cadre fini.
Vaincre les puissances fausses de la photographie.
En nu, tout ce qui n'est pas beau est obscène.
Etc, etc... Des pépites vous dis-je...
Le 20 octobre, c'est le vernissage VIP du salon Art Élysée où j'exposerai comme je vous l'ai annoncé. Et que vois-je sur l'invitation?
Exposition: "Green : regards photographiques" sur une proposition de de Marika Green.
Marika Green
Robert Bresson
Anne Wiazemsky
Jeune fille
Marika Green
La musique accompagnant ce montage est "Possession" tiré de l'album "From The Lion's Mouth", du groupe The Sound dont le leader Adrian Borland s'est donné la mort en 1999.
vendredi 16 juillet 2010
mercredi 7 juillet 2010
samedi 5 juin 2010
Anniversaire
Il y a exactement sept ans aujourd'hui que je te fis poser pour la première fois.
Que dire en mots que je n'ai dit en peinture?
Ah si, merci.
Que dire en mots que je n'ai dit en peinture?
Ah si, merci.
samedi 29 mai 2010
Cher journal...
Cela fait une semaine que je suis parti à Bruxelles voir des amis qui m'ont commandé le portrait de leurs enfants. J'ai passé un merveilleux weekend. (Merci encore pour la surprise de la soirée!) De ces moments qui me font penser que décidément, je fais un métier de rêve. Ils ont été aux petits soins avec moi et je voudrais les en remercier ici. La séance photo s'est très bien passée et on est tous tombés d'accord sur le choix de l'image que je vais peindre. Maintenant, c'est à moi de jouer. J'ai déjà commencé. Je ressens une pression mais pas plus importante que d'habitude. Je vais mettre le temps qu'il faut pour faire le plus beau tableau possible. Je sais d'avance que je vais avoir du mal, que je vais douter, transpirer et puis surmonter les difficultés et finir par maîtriser mon affaire. L'expérience a du bon pour ça. Je vais vous le faire partager en postant le travail en cours car je suis un acteur ou un chanteur frustré qui a besoin du public et des applaudissements! Au fait, je vais bientôt donner une master class, je vous tiendrai au courant dès que tout sera défini.
J'aime bien les commandes car elle me font aller là où je ne serais pas allé spontanément. Elles me permettent de sortir de moi et de progresser mais surtout de partager ma vision du monde avec des gens qui me comprennent et qui aiment ma façon de voir. Ce genre de rencontre n'est pas si fréquentes et c'est ce qui en fait le prix.
Et puis toujours, au-dessus, flotte l'esprit de ma muse pour qui je voudrais voler pour de vrai.
J'aime bien les commandes car elle me font aller là où je ne serais pas allé spontanément. Elles me permettent de sortir de moi et de progresser mais surtout de partager ma vision du monde avec des gens qui me comprennent et qui aiment ma façon de voir. Ce genre de rencontre n'est pas si fréquentes et c'est ce qui en fait le prix.
Et puis toujours, au-dessus, flotte l'esprit de ma muse pour qui je voudrais voler pour de vrai.
jeudi 8 avril 2010
Ah nom de dieu de bordel de merde!
L'auteur de ce film génial est Joël Seria. Son site: http://www.joel-seria.fr/
Il vient de sortir Mumu avec Sylvie Testud. Que j'ai raté. Zut!
Inscription à :
Articles (Atom)