vendredi 16 janvier 2009

Andrew Wyeth est mort.


© Peter Ralston

Ce peintre américain est surtout connu par son unique œuvre exposée au Métropolitain Museum of Art intitulée "Christina's World". Ce tableau lui avait été inspiré par une voisine atteinte de poliomyélite et dont le courage devant les épreuves forçait l'admiration de l'artiste qui voulut ainsi lui rendre hommage.


Né en 1917, il est issu d'une famille d'artistes. Son père était N.C. Wyeth qui illustra les premières éditions de Robin de Bois et de l'île au trésor (1911).


Son fils, James Wyeth est également un peintre de talent connu pour ses portraits d'humains et d'animaux.


Mais la raison principale de mon intérêt pour cet artiste qui peignait à la tempéra et à l'aquarelle avec un pinceau sec, c'est outre son style réaliste que j'apprécie particulièrement, le fait qu'il dévoila en 1986 une série de 240 dessins et peintures qu'il exécuta dans le plus grand secret, y compris de son épouse, avec pour seul sujet, une femme mariée: Helga Testorf une voisine (décidément).


Je ne sais pas comment il en est venu à révéler au monde un projet qui ne devait être dévoilé qu'après sa mort, toujours est-il que cette série d'œuvres fit instantanément partie de l'art et de la culture américaine. Il n'a jamais vraiment explicité les relations qu'il avait entretenues avec sa muse durant 14 ans (entre 1971 et 1985), mais il raconta dans un livre d'interview le jour où le mari d'Helga, rentrant plus tôt à la maison, surprit le peintre en train de faire le portrait de sa femme.


J'espère que vous ne m'en voudrez pas de peindre votre femme lui dit-il. Non, du moment que vous ne la peignez pas nue. C'est trop tard monsieur. Je l'ai déjà fait très souvent. L'histoire ne dit pas comment l'époux réagit à cette annonce mais il paraît qu'il ne prit vraiment conscience de l'importance de l'affaire que lorsqu'elle fut révélée en couverture du Time.


Comme je comprends ce peintre. Comme je comprends que l'art se sert de nous pour exister. Que nos petites vies et notre petite morale sont sans pouvoir devant celui de l'art. Moi aussi je me sens un jouet dans ses mains et je sais que je pourrais faire payer à mes proches le prix de ma soumission; mais vous savez quoi? Je suis consentant!

8 commentaires:

martinefa a dit…

Beaucoup aimé ce récit, merci Hubert, c'était passionnant.
Merci pour lui.

(juste retaper 1971 au lieu de 1871, si je ne m'abuse ;)

Hubert de Lartigue a dit…

Merci Martine, c'est corrigé!

O'Brian a dit…

Un belle découverte (pour moi) et un très bon article sur l'art !

Anonyme a dit…

Je ne connaissais pas cette histoire, merci m'sieur (:

Anonyme a dit…

Quels portraits!
mais dîtes moi, peignez vous vos voisines?

Hubert de Lartigue a dit…

Merci Cali et O'Brian! MademoiselleSix, à propos de peindre mes voisines, elles ne me l'ont jamais demandé!

Anonyme a dit…

Très beau, ce nu près de la fenêtre (enfin, cette nue... :) )
Belle histoire. Mais je frémis en cherchant à la transposer à la maison... :)

Zoridae a dit…

Très belle histoire d'un peintre fascinant !