Depuis 2013 la Count Ibex Collection a identifié et examiné plus de deux mille artistes figuratifs contemporains hyperréalistes et réalistes à travers le monde, les a classés sur la base d'un certain nombre de facteurs, en a rencontré plus de quatre cents et a ensuite offert à vingt-quatre des meilleurs l’opportunité de réaliser leur chef-d'œuvre, libre de toutes contraintes artistiques, financières et temporelles. Enfin, les chefs-d'œuvre sélectionnés seront présentés à New York en 2019 lors d’une exposition évènement.
Une telle proposition a de quoi donner le vertige. Pourquoi moi? Vais-je être à la hauteur et surtout quoi peindre? Mais une telle opportunité ne se présente pas deux fois, c’est pourquoi j’ai accepté avant même de savoir quoi peindre.
Ce projet Masterpiece est arrivé à un bon moment de ma carrière de peintre. Mon travail commence à être reconnu et apprécié et je commence à en être satisfait techniquement et artistiquement. Je me sentais capable de le faire, mais le sujet du tableau n'est pas venu tout de suite.
Tout ce que je voulais c’était faire poser ma muse et les dimensions de la toile: deux mètres par six. Je ne savais pas encore combien de modèles je voulais peindre. Ce que je recherchais c'était l'idée d'une image qui laisserait sans voix, qui soit la plus émouvante et la plus belle que j'ai jamais faite. Mon chef-d'œuvre, pour de vrai.
J'ai songé faire poser celle qu'on appellera mademoiselle O. en compagnie de danseuses, de jumelles ou seule ou multipliée. Je finis par en discuter avec elle et la solution s'est naturellement imposée à moi. Il fallait juste que j'aie l'audace de demander à TOUS les modèles qui avaient posé pour moi depuis que je fais de la peinture, c'est-à-dire environ douze ans à l’époque, de poser ensemble pour la même toile.
Mon audace fut récompensée car 18 modèles ont accepté de poser le jour dit: le 22 juin 2015 dans l'atelier même dans lequel je passerai de longs mois à faire ma toile. Je leur demandai de choisir de poser soit nue, soit en lingerie, soit habillée de blanc. Certaines avaient posé pour moi il y a dix ans! C'était très émouvant de revoir ces visages alors que le souvenir que j'en avais était celui laissé par les tableaux que j'avais fait d'elles.
La séance de pose s'est passée comme dans un rêve. La plupart de ces dames ne se connaissaient pas mais j'ai tout fait pour qu'elles se sentent à l’aise. Elles avaient une loge commune avec chacune une chaise à leur nom, des jus de fruits et du champagne à disposition, des fruits et des bonbons.
J'avais engagé une assistante pour les bichonner et une maquilleuse. Tout était prêt et tout s'est merveilleusement bien passé. J'avais préparé trois petits croquis pour créer la composition générale. Sur place, je guidais mes chers modèles à prendre la pose, à s'approcher les unes des autres, à se toucher. La première pose fut en quelque sorte une pose de réglage car je n'étais pas satisfait du résultat. Dix-huit modèles, c'est beaucoup et on ne peut pas donner la même importance à toutes et j'ai dû faire des choix pour la seconde pose. Ces dames semblaient beaucoup s'amuser. Je les entendais rire à travers ma concentration. Et puis elles ont pris les choses en main si je puis dire. Qui en penchant la tête sur une épaule, qui en passant un bras autour d'un cou ou d'une taille et ce fut magique! Je savais déjà que j'avais réussi mon projet. Même quand j'ai fait la dernière pose que j'avais prévue, elle n'avait pas la force de la seconde. Je m'en servirai peut-être pour un plus petit tableau, plus tard...
Depuis ce jour j'ai appris que deux modèles étaient enceintes alors qu'elles posaient. Elles ont depuis donné naissance à deux petits passagers clandestins.
La toile est aujourd’hui terminée et attend de s’envoler vers New York. Je vous propose de la découvrir tout au long de cette année, petit à petit, jusqu’à ce qu’elle soit dévoilée au public.
Traduction Julien Colin
The Count Ibex Masterpiece Project
The reason I didn’t post anything new for three years is because I was secretly working on an extraordinary project. I was lucky enough to be offered to do my masterpiece, just that. For the past three years, I became so used to showing nothing, except to the few friends who came visiting my studio, that I feel reluctant to reveal to you some bits of it as I was allowed to do recently.
Since 2013 the Count Ibex Collection has identified and examined more than two thousand contemporary hyper-realistic and realistic figurative artists around the world, ranked them according to some features, met more than four hundred of them and then offered to twenty-four of the best ranked ones the opportunity to realize their masterpiece, free of all artistic, financial and temporal constraints. Finally, the selected masterpieces will be presented in New York in 2019 during an exhibition event.
Such a proposal is enough to make you dizzy. Why me? Will I be up to the job and above all what am I going to paint? But such an opportunity does not come up twice, that's why I accepted before even knowing what to paint.
This Masterpiece project has arrived at a good time in my career as a painter. My work is beginning to be recognized and appreciated and I am starting to be technically and artistically satisfied. I felt capable of doing it, but the subject of the painting did not come right away.
All I wanted was to paint my muse and the dimensions of the canvas: two meters by six. I did not know yet how many models I wanted to paint. What I was looking for was the idea of a breathtaking picture, which is the most moving and the most beautiful I have ever made. My masterpiece, for real.
I thought I would ask the one we would call Miss O., in the company of dancers, twins or alone or multiplied. I ended up discussing the subject with her and the solution came naturally. I just had to be bold enough to ask ALL of the models who posed for me since I was painting, that is to say about twelve years at this time, to pose together for the same canvas.
My daring was rewarded because 18 models agreed to come the said day: June 22nd, 2015, in the same studio I spent many months to paint my canvas. I asked them to choose to pose either naked, or in lingerie, or dressed in white. Some had posed for me ten years ago! It was very emotional to see these faces again when the memory I had was the one left by the paintings I had made of them.
The pose session was like a dream. Most of these ladies did not know each other, but I did everything to make them feel comfortable. They had a common dressing room with chairs labeled with their names, fruit juice and champagne available, fruits and sweets.
I hired an assistant to pamper them and a makeup artist. Everything was ready and everything went wonderfully well. I had prepared three small sketches to create the general composition. On site, I guided my dear models to pose, to approach each other, to touch. The first pose was a sort of adjustment because I was not satisfied with the result. Eighteen models is a lot and you can not give the same importance to all and I had to make choices for the second pose. These ladies seemed to have a lot of fun. I heard them laugh through my concentration. And then they took things in hand if I can say. Who leaned his head on one shoulder, who passed an arm around a neck or a waist and it was magic! I already knew that I had succeeded in my project. Even when I did the last pose I had planned, she did not have the strength of the second. I may use it for a smaller picture, later ...
Since that day I learned that two models were pregnant while they were posing. They have since given birth to two small stowaways.
The painting is now finished and is waiting to fly to New York. I suggest you discover it throughout this year, little by little, until it is unveiled to the public.
Le mur devant lequel poseront ces dames et sur lequel sera accroché la toile sur laquelle je les peindrai. |
La loge commune. 18 chaises. |
Le champagne arrivera avec mes modèles. |
Vue de l'entrée de la loge. |
Tout est calme, prêt pour le miracle. |